Pour exercer la restauration de meuble, il est indispensable d’avoir une forte expérience en ébénisterie traditionnelle. Comment refaire un pied Louis XV si l’on n’est pas capable de le faire en neuf ? Et refaire une marqueterie en écaille, en cuivre, en ivoire, en étain, si l’on n’a jamais utilisé une scie de marqueteur ? Ou refaire un tiroir Louis XVI si l’on n’est pas capable d’exécuter avec précision des queues d’aronde et d’affleurer parfaitement, au montage, les côtés sur les extrémités de la façade, et ce, sans avoir à donner un coup de racloir qui détruirait irrémédiablement la patine du vieux bois employé ?
Soyez convaincu qu’aucune théorie, aussi approfondie soit- elle, ne suffira à former un restaurateur, à moins qu’il n’y adjoigne une longue pratique. Nous pouvons adopter ce que disait Germain Bazin, conservateur du département des peintures au musée du Louvre, en parlant de sa spécialité : » Je pense que l’art du restaurateur comporte une instruction technique et théorique, mais aussi une part considérable et essentielle d’apprentissage dans un atelier. Cet apprentissage doit durer de longues années. Ce métier ne peut donc être enseigné par une école. Le diplôme que conférerait une école pourrait être dangereux en encourageant le public à s’adresser à des personnes ayant subi une formation théorique et n’ayant pas suffisamment de pratique. »
Les éléments de pratique qui peuvent être acquis dans un centre de formation ne doivent être considérés que comme des bases, permettant au postulant d’entrer avec un minimum d’expérience dans un atelier. Il faut être persuadé que si l’on entreprend seul et sans conseils une restauration sérieuse sans avoir de formation adéquate ni d’expérience des meubles anciens, on risque de courir à la catastrophe en dépréciant le meuble ou l’objet de valeur confié à ses soins.